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FCO

FCO sérotype 8 et vaccination : vrai-faux

Derniére mise à jour le : 20/05/2019

Suite à plusieurs allégations diffusées sur internet, une mise au point sur la fièvre catarrhale et la vaccination contre cette maladie s'avère nécessaire. Retour sur les principales questions soulevées.

Allégation : La FCO est une maladie non contagieuse, non transmissible à l’homme, originale dans nos contrées parce que transmise par des vecteurs (culicoïdes), peu pathogène pour les sérotypes 8 et 1 actuels et susceptible d’immunité naturelle.

Inexact : La FCO est une maladie transmissible due à un virus. Aux périodes d'activités des vecteurs, elle se propage bien plus rapidement que les maladies contagieuses auxquelles nous sommes habitués.

La FCO n'est pas non plus originale dans nos contrées parce que "vectorielle". Elle est originale parce que jusqu'à présent elle ne passait pas l'hiver. Maintenant, la période hivernale est suffisamment courte pour que des culicoïdes infectés réussissent à passer l'hiver. De plus, la maladie pourrait persister en raison de la naissance de veaux infectés in utéro et qui resteraient porteurs du virus bien au-delà des durées habituelles. Ces phénomènes permettent maintenant au virus de persister d'une saison à l'autre en Europe Occidentale. La maladie ayant besoin de plusieurs saisons pour se propager, elle a réussi à "survivre" suite à une introduction accidentelle aux Pays-Bas, probablement en 2006.

Par ailleurs, aucune des souches du virus de la fièvre catarrhale ovine (ou maladie de la langue bleue "Bluetongue") ne doit être regardée avec "légèreté". La FCO est inscrite sur la liste A de l'OIE, c'est à dire la liste des maladies qui ont le potentiel de se propager rapidement et de manière étendue au-delà des frontières d’un pays. Il s'agit de maladies ayant une importance capitale du fait de leurs conséquences socio-économiques et sanitaires. Pour mémoire, en Italie, entre 2001 et 2006, la fièvre catarrhale a entrainé la mort de plus de 600 000 ovins, dont 300 000 une même année. Le sérotype 8, auquel nous sommes confrontés, a multiplié la mortalité des ovins par 3 aux Pays-Bas en un an, et par 5 le tonnage des animaux morts ramassés par les équarrissages dans le nord de la France. En élevage bovin, même si la mortalité est largement inférieure à celle rencontrée dans l'espèce ovine, ce même sérotype 8 est responsable de pertes de production laitière, d'avortements, et d'infécondité.
 

 

Allégation : L’agent viral est transmis par la piqûre d’un insecte autochtone, hématophage (la femelle au moment de la reproduction se nourrit de sang), de la famille des moucherons culicoïdes, qui mature la particule virale au travers de ses intestins et dans ses glandes salivaires pour la rendre infectante (compétence vectorielle).

Vrai : Ce n'est pas un mais plusieurs insectes de la famille des moucherons culicoïdes dont profite le virus pour être transmis. C'est ce qui rend d'ailleurs la prévention de cette maladie si complexe, car les mesures de lutte contre une espèce de culicoïdes ne sont pas forcément cohérentes avec celles contre une autre espèce de culicoïdes, également vectrice de la FCO, mais ayant un biotope (un milieu de vie) différent.

 

 Allégation : Les culicoïdes, présents depuis des millions d’années sur nos territoires, occupent nécessairement une place irremplaçable dans l’équilibre des niches écologiques européennes. Se nourrissant également et en permanence sur la faune des mammifères sauvages et sur d’autres animaux domestiques, ils disséminent des particules virales partout dans des «réservoirs» multiples et inconnus.

Inexact : Les culicoïdes présents depuis plusieurs millions d'années sur notre territoire n'ont nul besoin du BTV (virus de la bluetongue) pour se multiplier. La lutte vaccinale contre la FCO n'a aucune influence sur le devenir des populations de nos culicoïdes autochtones. A l'inverse, elle relègue aux "orties" les traitements insecticides qui eux détruisent tous les insectes sans faire le tri ni tenir compte de leur rôle dans les chaines alimentaires. En l'absence de vaccination, ce sont des millions de tonnes de pyréthrinoides (qu'elles soient naturelles ou de synthèse, toutes les deux sont bio-dévastatrices sur les insectes) qui devront être utilisées.

 

Allégation : L’élimination du virus de la FCO est impossible.

Faux : Du fait que la maladie est vectorielle, et transmise par un insecte qui ne connait ni les barbelés, ni les fils électriques, la lutte contre la FCO ne peut s'envisager comme un choix individuel à l'échelle d'un seul troupeau.

 

Allégation : Il importe que chaque éleveur bien informé de toutes les caractéristiques du problème prenne ses responsabilités. 

Vrai : Il importe avant tout de donner à chaque éleveur des informations objectives et complètes.

 

Allégation : Ceux qui souhaitent se sécuriser à court terme avec un vaccin sans garantie et efficace moins d’une année doivent pouvoir pratiquer la vaccination que ce soit pour assurer des ventes de broutards à l’exportation ou parce qu’ils craignent que leur cheptel affaibli pour telle ou telle raison ne puisse supporter l’infection naturelle.

Faux : Il n'y a pas besoin qu'un troupeau soit affaibli pour être gravement touché par la fièvre catarrhale. En outre, le vaccin n'est pas moins efficace que l'immunisation naturelle. Celle-ci a également besoin de "relances". De plus, l'immunisation naturelle passe par l'exposition au virus sauvage. A chacune de ces expositions, il y a un risque pour les animaux encore non protégés (cf. plus bas) de développer la maladie.

En fait, les troupeaux vaccinés ne sont pas plus affaiblis que ceux qui ne vaccinent pas. C'est même l'inverse : ils sont bien plus résistants et capables de supporter une infection naturelle que des troupeaux non vaccinés.

De plus, il n'est pas démontré à ce jour que les traitements répulsifs et/ou une complémentation minérale et vitaminique suffisante et une alimentation de qualité sont suffisants pour prévenir la maladie.

 

Allégation : Ceux qui préfèrent gérer l’immunisation naturelle de leur troupeau (dite efficace à vie), doivent pouvoir assumer leur stratégie sans aucune entrave ni perte de droit.

Faux : La contamination étant très aléatoire, l'immunisation naturelle l'est aussi. En Moselle, dans les troupeaux "naturellement exposés" à la maladie, c'est selon les cas entre 10 et 80 % des animaux qui ont présenté par la suite des anticorps contre le virus. En outre, rien n'indique que l'immunisation naturelle soit efficace à vie.

 

Allégation : Chacun se doit de respecter le choix légitime des autres.

Inexact : En matière de maladie dont la transmission se joue des barrières, les choix de chaque individu influent sur le devenir de la collectivité. C'est donc à ce niveau que les décisions doivent être prises.


Allégation : La vaccination n’est en aucun cas la solution à long terme. 

Faux : Au contraire. La vaccination, seule ou dans le cadre d'un programme de lutte médico-sanitaire, a déjà permis d'éradiquer ou permet de prévenir efficacement de très nombreuses maladies aussi bien chez l'homme (variole, tétanos, rougeole, ...) que chez l'animal (fièvre aphteuse, rage, brucellose,...).

 

Allégation : L'’éradication d’une maladie vectorielle est impossible.

Faux : Ce qui est irréaliste, c'est l'éradication du vecteur. 

 

Allégation : Un élevage non vacciné ne présente aucun danger pour ses voisins.

Faux : L'élevage non vacciné est susceptible d'entretenir des quantités de virus très supérieures à celles que peut entretenir la faune sauvage. Par conséquent, un élevage qui ne vaccine pas va propager le virus régulièrement à ses voisins, au fur et à mesure des aléas de la résurgence de la maladie sur ses animaux.
En Corse, la FCO n'a arrêté de faire des dégâts que lorsque plus de 85 % des animaux ont été vaccinés.











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