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Bovin informations bien-être animal

Prévenir les maladies respiratoires plutôt que les guérir

Derniére mise à jour le : 20/03/2019



Les pathologies respiratoires touchent les jeunes animaux mais leurs conséquences se prolongent chez l’adulte. Des mesures simples et élémentaires permettent de les prévenir.

Les maladies respiratoires, appelées également BPI (bronchopneumonies infectieuses), sont une dominante pathologique et donc économique chez les bovins : elles représentent 60% des frais vétérinaires en élevage de veaux de boucherie, touche 1 animal sur 5 mis en lot et reste la 1èrecause de mortalité chez les jeunes après le 1ermois de vie. En élevage allaitant, une pathologie respiratoire en période néonatale entraine une perte de poids de plus de 16kg au sevrage par comparaison à un jeune bovin sain En élevage laitier, les lactations sont plus courtes chez les génisses ayant connu un épisode de BPI. Au global, près de 10% des élevages français connaissent ce type de problème.

Statut des lots

GMQ (gain moyen quotidien)

Durée d’engraissement

Lots sans malades

1189g

291 jours

Lots avec malades

-        Animaux malades

-        Animaux sains

 

-68 à -108g

-41g

 

+44 à +59 jours

+ 33 jours

Source : étude Pays de Loire 

Les bovins : des insuffisances respiratoires chroniques

Les bovins ont une grande fragilité respiratoire à cause de leur conformité anatomique et de leur capacité pulmonaire limitée : cornets nasaux courts, trachée petite et étroite, poumons mal vascularisés et sous dimensionnés par rapport à leur poids (12 litres pour un bovin contre 42 litres pour un cheval). Avant l’âge d’un an, ces prédispositions morphologiques sont un réel handicap induisant des capacités ventilatoires défavorables. Le veau connaît également une période de moindre protection immunitaire lors de la transition entre les défenses maternelles et ses propres défenses. Pour compenser ces points sensibles, l’air respiré doit être le plus propre et le plus sain possible : sans poussière, peu chargé en vapeur d’eau et en gaz, et faible en charge microbienne.

Une question d’équilibre


L’apparition d’affections respiratoires est donc liée à des éléments propres à l’animal et à ses conditions d’élevage. L’environnement est donc un point essentiel à ne pas négliger pour ne pas favoriser, sur un terrain déjà fragile, l’action d’agents pathogènes. 

 Cliquez ici pour voir le schéma de l'équilibre de la respiration

 Les agents responsables : une association de malfaiteurs


Les agents responsables sont bien connus mais ils agissent en interaction les uns avec les autres. Les éleveurs naisseurs sont confrontés à un microbisme propre et dominant dans leur élevage alors que les éleveurs engraisseurs doivent lutter contre un polymicrobisme fréquent.

Chez le veau ou les jeunes bovins, on retrouve parmi les pathogènes les plus fréquents :

  • Des bactéries : Pasteurelles (Pasteurella multocidaet Manheimia hemolytica) et Mycoplasmes (Mycoplasma bovis)
  • Des virus : RSV (virus syncitial respiratoire), PI3 (Parainfluenza 3), adénovirus, BVD et IBR
  • Des parasites : dictyocaules (bronchite vermineuse)

 
Un examen clinique qui nécessite du temps et de l’observation 


La prise de température est indispensable : soit de l’animal malade soit par sondage sur plusieurs individus si atteinte d’un lot. La fièvre est toujours présente lors de maladies respiratoires. La température rectale s’élève au-delà de 40°C dans les deux premiers jours.

La phase clinique évolue ensuite en plusieurs stades ; passant par de la toux, des éternuements, du jetage clair puis muco-purulent. L’animal ne mange plus. Il est abattu, prostré, essoufflé et respire de plus en plus difficilement. Les lésions pulmonaires sont alors importantes et irréversibles.

L’identification de l’agent pathogène en cause est nécessaire pour la mise en place du traitement. Pour cela, des prélèvements sont à réaliser en concertation avec votre vétérinaire et le laboratoire d’analyses qui saura vous conseiller sur la quantité et la nature des échantillons à transmettre pour analyses.

Si l’origine est bactérienne, un antibiogramme est fortement recommandé pour choisir le bon antibiotique. La prescription médicamenteuse repose sur 4 composantes essentielles : le choix de l’antibiotique, le choix du schéma thérapeutique (dose, voies d’administration, durée…), les contraintes de l’éleveur et la thérapeutique adjuvante (anti inflammatoires).

Un diagnostic rapide et une intervention thérapeutique précoce et complète détermineront le taux de réussite du traitement.

 
Maitrise des facteurs de risque et prévention


L’identification des facteurs de risque et la mise en place de moyens de prévention sont indispensables pour garantir le démarrage et la bonne santé des animaux à naitre et/ou des lots suivants. La prévention passe par des règles élémentaires dans les conditions d’élevage et par la mise en place de mesures pour garantir une bonne immunité (alimentation, colostrum, vaccination : voir articles pages suivantes)

Le B.A BA de la prévention sanitaire consiste à :  

  • Séparer les veaux des mères et adultes en élevage laitier
  • Alloter les veaux par catégories d’âge et de poids
  • Respecter le délai de quarantaine à l’introduction de nouveaux animaux
  • Prévoir un volume de vie suffisant avec renouvellement d’air adapté, litière propre et sèche et éclairage suffisant
  • Isoler les bâtiments pour éviter les variations de températures jour/nuit et lutter contre les fortes chaleurs. Le "diagnostic bâtiment" notamment nurserie et la "visite d’élevage zootechnique" sont des outils permettant de s’assurer du respect des principales normes de confort et d’ambiance et de mettre en place d’éventuelles mesures correctives simples et prioritaires.
  • Assurer une alimentation adaptée en quantité et en qualité aux mères et être attentif à la transition alimentaire lors du sevrage


La gestion des facteurs de risques et la mise en place de mesures préventives sont des éléments clés pour limiter l’apparition de pathologies respiratoires. Elles s’accompagnent de mesures prophylactiques (vaccination) et thérapeutiques ciblées, de manière à avoir une démarche globale efficace et modulable au cas par cas, en fonction de la situation et des motivations de chacun.
 


Caroline Locatelli (GDS de l’Ain)

 

 
Et chez l’agneau…

Comme en élevage bovin, de mauvaises conditions ambiantes dans les bâtiments d’élevage favorisent la survenue de pathologies respiratoires : humidité, courants d’air, ammoniac, densité…

Les principaux agents infectieux sont :

  • Manheimia haemolytica: très pathogène chez les jeunes
  • Pasteurella trehalosi(septicémie mortelle chez les agneaux sevrés) et Pasteurella multocida(fréquente chez les agneaux plus âgés)
  • Mycoplasmes
  • Virus PI3

Les agneaux de moins de 15 jours et les agneaux de 1 à 2 mois en atelier d’engraissement sont très sensibles aux maladies respiratoires qui peuvent présenter dans ces cas une forte contagiosité avec des formes suraiguës ou septicémiques et des formes aiguës (difficultés pour respirer, fièvre en début d’évolution, toux inconstante). Chez les agnelles juste sevrées la clinique est moins sévère : toux, amaigrissement, rares mortalités.

L’autopsie est un bon moyen de diagnostic. Elle permet de repérer les lésions et de faire des prélèvements pour une bactériologie et un antibiogramme au laboratoire.

Le traitement fait appel aux mêmes antibiotiques que chez les bovins avec comme précaution que certains n’ont pas d’AMM chez les petits ruminants.

L’approche thérapeutique doit se faire à l’échelle du troupeau en privilégiant le traitement par l’eau de boisson et en respectant scrupuleusement les doses prescrites.

La prévention passe aussi par l’amélioration des conditions d’ambiance, la bonne gestion des lots et des mélanges d’animaux et la mise en place d’un protocole vaccinal adapté.

 

 















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